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Comment recevoir dans notre paroisse le rapport de la CIASE

Comment recevoir dans notre paroisse le rapport de la CIASE
« La vérité nous rendra libre… » (Jean 8, 32)

 

La parution, ce mardi 5 octobre, du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) nous fait connaître une affreuse réalité, pire que ce que nous pouvions imaginer, et fait traverser, à notre Église catholique en France, une bien effroyable et douloureuse « opération vérité ». Face aux chiffres glaçants révélés, nous pouvons, à juste titre, éprouver de l’effarement et même des sentiments de révolte et de honte.

Aujourd’hui, je souhaite simplement comme curé, en communion avec mes frères prêtres et diacres, éclairer quelques pistes afin que nous puissions tous ensemble à SFX faire face à cette terrible réalité et travailler à une Église toujours plus digne de l’humanité et du Christ.
La Parole du Seigneur : « La Vérité vous rendra libre… » doit, plus que jamais, guider et éclairer nos réactions et nos attitudes. La vérité peut être crucifiante mais elle est un passage obligé pour sortir des ténèbres.

1 –  Chacun d’entre nous, disciples du Christ, se doit de reconnaître et d’accepter, pour ce qu’elle est, la vérité sombre et douloureuse révélée par ce rapport.
Oui, nous le reconnaissons, notre Église a, pendant ces décennies, manqué gravement à la dénonciation, à la réparation et à l’accompagnement de tant de drames. Cela est insupportable. Que ce mal soit un problème de la société toute entière ne l’excuse pas.

2 – Notre élan de compassion et de prière pour les milliers de victimes de ces crimes et abus doit être unanime. C’est à elles que nous pensons en premier et pour lesquelles nous prions. Aujourd’hui, il est difficile de savoir, à notre niveau, comment réparer l’irréparable mais nous devrons aussi reconnaître leurs droits à une réparation.

3 – Chacun de nous, baptisés, ne peut, avec toute l’Église, que condamner avec force et gravité tous ces actes.
Le fait qu’ils furent commis par des prêtres et des religieux desquels on attend légitimement la bienveillance et la bienfaisance du Christ, la vie de l’Esprit Saint et le pardon pour nous conduire au Ciel, augmente le scandale et le traumatisme.

4 – Oui, nous reconnaissons humblement qu’une partie, même petite, de notre Église et du corps sacerdotal qui a reçu du Christ la mission sacrée de montrer le chemin de la sainteté, a grandement failli et meurtri des petits. À cause de cela, nous pouvons nous ressentir blessés dans notre confiance en l’Église qui, faite pour donner la Vie, a été, par quelques-uns de ces membres, vecteur, directement ou indirectement, d’une œuvre de mort.

5 – Je veux aussi penser à tous mes frères prêtres et religieux qui ont donné leur vie pour le Christ et qui travaillent inlassablement en fidèles serviteurs pour prendre soin des brebis qui leurs sont confiées. Sachant que l’immense majorité d’entre eux n’est pas la cible de ces condamnations et souffre avec nous, je veux rendre grâce pour le ministère, parfois imparfait mais fidèle, qu’ils assument dans la joie de leur vocation.
Fort heureusement, beaucoup d’entre eux ont été pour vous source de joie et de confiance. Que leur exemple vous réjouisse et vous stimule encore malgré le regard accusateur que beaucoup pourront poser sur eux, en ces temps.

6 – Comme ce fut le cas depuis vingt siècles au cours des graves crises que l’Église a pu causer ou a traversées, je crois de toute mon âme, que l’Esprit Saint fera jaillir, en notre temps, de nouvelles et magnifiques figures de sainteté. Elles seront et elles sont déjà, à la suite d’un Don Bosco, éducateur de la jeunesse, d’une Mère Teresa, d’un abbé Pierre, amis des petits et des pauvres ou d’un Carlo Acutis, jeune adolescent récemment béatifié, des relais bienfaisants de la présence et de l’amour du Christ dans nos paroisses, nos confessionnaux, nos écoles, nos aumôneries, nos hôpitaux…

7 – Je n’oublie pas que l’Église est née le Jeudi et le Vendredi saints avec des hommes et des femmes pécheurs, qui n’ont pu participer à la réalisation de sa mission qu’en se recentrant continuellement sur le Christ, le seul Saint.
Probablement, c’est parce que ces prêtres et religieux ont ainsi cessé de mettre le Christ au centre qu’ils ont failli grandement. Pour chacun de nous, baptisés, l’appel est clair : Revenir, en toute chose, au Christ qui est le Chemin, la Vérité et la Vie. Seul ce recentrement sur le Christ  de toute la vie de l’Église, de notre paroisse et de chacun permettra de comprendre pourquoi nous en sommes arrivés là et nous donnera la claire vision et le courage des changements de comportements et des réformes nécessaires. La véritable colonne vertébrale de l’Église, c’est le Christ. Elle est solide !

8 – L’Église n’est pas uniquement, ni d’abord, le Corps des prêtres mais le peuple  des Baptisés que nous formons.
À chacun revient donc, selon sa vocation et en s’appuyant sur la miséricorde du Seigneur, d’œuvrer  à la sainteté du Corps entier de l’Église que le Christ a voulu et pour laquelle Il a livré sa vie.
Ce rapport douloureux nous appelle, encore plus aujourd’hui, dans notre paroisse :

  • à ne pas vouloir trop vite « tourner la page » de la révélation de ces violences mais à nous tenir aux  côtés des personnes souffrantes si nous en connaissons pour leur offrir l’écoute, la compassion et l’aide auxquelles elles ont droit. C’est la page que l’Esprit Saint nous demande d’écrire aujourd’hui,
  • à demeurer absolument unis dans la famille de Dieu,
  • à être vigilants et responsables dans ce que nous faisons et ce que nous voyons pour que notre Église soit vraiment une « maison sûre »,
  • à être courageux face au mal,
  • à être fidèles dans la prière et la pratique des sacrements,
  • à donner le témoignage au monde d’une charité active,
  • à ne pas fléchir dans la mission d’annonce de l’Évangile qui est une vraie Bonne Nouvelle pour tous nos frères et sœurs,
  • à être heureux de la rencontre et de l’accueil inconditionnel de notre prochain.

 

9 –  Soyez sûrs que vos prêtres et diacres à Saint-François-Xavier veulent être, plus que jamais, les fidèles et respectueux serviteurs de l’immense grâce que vous avez chacun reçue le jour de votre baptême pour la faire croître.Si vous souhaitez parler, si vous avez des demandes et des attentes, sachez que nous saurons toujours être présents et disponibles pour vous écouter.

Nous donnons rendez-vous, à ceux et celles qui le souhaitent, ce mardi 12 octobre, à l’église pour porter ces intentions dans la prière devant le Saint Sacrement exposé de 19h15 à 20h.

À 20h, M. Paul Airiau qui a participé au travail de la CIASE viendra nous rencontrer pour nous en expliquer le contenu et les préconisations. Nous pourrions faire de cette soirée du 12 octobre une soirée de jeûne comme le Seigneur nous y appelle face au mal et au péché.

J’ose prier pour que ce douloureux rapport, courageusement demandé par les Évêques de France, ne fasse pas de l’Église du Christ un bouc émissaire à abattre mais ouvre, aussi, ce chemin de vérité à d’autres institutions et membres de notre société.
En implorant la grâce de Dieu et sa consolation, gardons le cap pour que nous sortions de cette crise purifiés, fortifiés, et transformés.
Continuons à marcher dans l’Espérance car le Seigneur est avec nous dans la barque… et Sa victoire est certaine…

Mgr Bruno Lefevre Pontalis, curé
perebrunolp@yahoo.fr

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